La conservation-restauration

 

 

La dorure sur bois obéit à des protocoles immuables depuis le XVIe siècle, qui maximisent la qualité des dorures à la feuille d’or ou d’argent. La restauration implique donc l’utilisation des techniques originelles qui garantissent le meilleur résultat possible (longévité d’une dorure, parfaite compatibilité des produits utilisés, résultat esthétique). Le savoir-faire du praticien réside dans l’intégration des zones restaurées avec l’ancien existant.

Concrètement, un doreur avisé limite toujours son travail au strict minimum, tant que l’état du bois doré le permet. Il est parfois même sacrilège d’ôter la patine naturelle d’un cadre ancien, un nettoyage excessif supprimant l’histoire de l’objet et réduisant de manière substantielle sa valeur pécuniaire sur le marché des connaisseurs. L’inverse abouti également au même résultat : la redorure intégrale est une solution de facilité qui est souvent réalisée par-dessus l’ancien, sans reprise des altérations de support. Sans parler de l’usage si répandu des bronzines et autres faux ors en poudre ou en peinture.

Si une dorure a été recouverte de bronzine ou de peinture, il est théoriquement possible de retrouver la dorure originale (si tant est qu’elle soit présente en dessous) en effectuant un décapage adapté. Cette opération de dégagement ne fonctionne qu’avec une dorure à la détrempe. Il n’est pas possible de récupérer une dorure à la mixtion badigeonnée de bronzine.

Le refixage et la consolidation sont réalisés avec la colle de peau de lapin, ou dans certains cas avec de la résine acrylique très stable dans la durée (Paraloïd®).

Le comblement des lacunes est réalisé avec la traditionnelle « pâte » du doreur, apprêt sous forme de mastic réalisé par le doreur avec de la colle de peau de lapin et du Blanc de Meudon. Précisément appliqués sans déborder sur l’original, les comblements sont ensuite finement poncés pour un parfait raccordement. Si des opérations de reparure sont nécessaires, elles sont réalisées comme à l’origine en respectant le style de l’œuvre et la main de l’artisan doreur de l’époque.

L’intégration des redorures se fait grâce à la patine : usure de l’or et modification de son éclat et de sa couleur par superposition de lavis de teintes (à l’eau, à l’alcool, voir à l’huile selon les pratiques). La patine consiste à fondre le nouveau avec l’ancien pour une lecture optimale de l’œuvre. Les raccords ne doivent pas être décelable pour garantir l’homogénéité esthétique de l’œuvre ainsi restaurée.

Enfin, l’utilisation de la bronzine moderne, le mica, est à proscrire car l’aspect de cette dorure factice de nature minérale est très éloigné de celui d’une dorure à la feuille d’or. C’est un produit qui est malheureusement très employé par des professionnels peu scrupuleux et par des restaurateurs incompétents. Il est préférable, pour des petites interventions ponctuelles et très localisées, d’opérer une retouche chromatique avec de l’aquarelle, ce qui résoudra le problème dans bien des cas sans altérer et dénaturer l’œuvre.

Les opérations de conservations portent généralement sur le traitement d’une altération de fond visant à s’étendre (infestation du bois par des xylophages par exemple).